Green Gondry Hornet

13 01 2011

Ah, les super-héros ! Leur grandeur d’âme qui n’a d’égal que leur talent à la castagne… Le dilemme cornélien qui se pose à leur noble esprit, de sauver la bombe sexuelle qu’ils aiment passionnément ou le monde suspendu à leur bon vouloir… Leur personnalité torturée et taciturne… Enfin ça, ce sont les héros habituels. Car Green Hornet, revu par Gondry, est (et cela n’est pas fait pour nous surprendre) dépourvu de presque tous ces attributs.

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Un anti-héros

De fait, si Britt Reid bosse au Daily Sentinel tout comme Clark Kent triomphait au Daily Planet, si comme Bruce Wayne il est chef d’entreprise et soumis au fantôme du père, il est aussi le super-héros le plus poseur et le plus inutile depuis Kick-Ass. Gamin semi-gâté, semi-traumatisé, noceur de première, parasite familial, mégalomane égocentrique et capricieux, curieusement épris d’un seul principe : la justice, Green Hornet est une sympathique tête à claques. Quant à son acolyte, Kato, son point fort est le capuccino bricolé à l’italienne, mais aussi les voitures blindées, les arts martiaux, les armes en tout genre et la création de costumes. Son seul point faible : il ne sait pas nager…
Au bout de quelques scènes, les jalons sont posés. Green Hornet est l’anti-Dark Knight. Là où le second se faisait fort de développer une psychologie complexe et sombre pour ses personnages, le premier repose sur une ironie et un humour à la limite de la farce, soutenus par un montage nerveux, qui tantôt s’accélère tantôt laisse carrément la place aux images animées.

Du bon Gondry à la sauce Tarantino

Comme dans chacun de ses films, Gondry ne repart pas sans laisser sa patte. Une photographie brillante parvient à déjouer la plupart des pièges de la 3D – même si la cohabitation avec la profondeur de champ reste très douloureuse – et offre parfois des plans larges ou en plongée qui confinent au génie. Un humour parodique habite la majorité des scènes. Qui plus est, Gondry fait appel à sa culture cinématographique et titille celle du spectateur par des références introduites subtilement dans le fil du tournage, musique de Kill Bill par ci, scène rappelant Pulp Fiction par là, générique de comic… L’hommage à Tarantino et l’hommage à l’œuvre se complètent avec brio.

Un vrai film de super-héro

Qu’on se le dise cependant : Green Hornet n’est pas Kick-Ass. Si les renversements de genre talentueux ne manquent pas, Green Hornet reste un vrai film de super-héros. Tout est là : une voiture très classe et bourrée de gadgets, un acolyte surdoué, des méchants très ridicules et très méchants qui tombent comme des mouches. Surtout, les thématiques de fond des comics demeurent : à l’insu de tout le monde, y compris au sien, Britt Reid suit un véritable parcours initiatique, qui implique pour lui de découvrir le sens du partenariat, d’apprendre à exploiter les ressources de son cerveau, de ne pas coucher avec sa bombe sexuelle de secrétaire et de se réconcilier avec la figure paternelle. Il se découvre aussi courageux et intègre, et s’il reste toujours profondément maladroit, on finit, étonné mais convaincu, par reconnaître en lui l’étoffe des héros.

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Excellente comédie de super-héros, Green Hornet ne décevra ni les fans de comics, ni les fans de Gondry. Il ne faut pas se leurrer cependant, ce film reste un film d’action et n’a pas de grande ambition notionnelle. Sans crier au génie donc, on se doit cependant de reconnaître que ces deux heures passées au cinéma représentent le meilleur divertissement de ce début d’année.


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